Les Valseuses (bar)

Publié le par Tamina

[Ecrit en 2013, un de mes premiers textes d'atelier d'écriture. On excusera le changement de point de vue entre "personne" et "on'. Ce texte parle d'un bar que je fréquentais.]


Calme, vide, ocre, familier.

Les absents ont tort. Ils ne boivent pas. Pas encore. Pour le moment, c’est le calme qui domine cette pièce rouge, ocre, vide et familière. Personne n’est installé sur les hauts tabourets qui longent le bar en zinc. Et, personne non plus sur les tables basses, là, en face des inconfortables banquettes en maigre mousse noire.

Calme, vide, ocre, familier.

Au fond de la pièce, la scène où se trouve une chaise haute, un accordéon et deux fauteuils noirs avachis et une machine à sous à laquelle plus personne ne prête attention. Un chien, connu comme le loup blanc, baille négligemment à côté de l’un des fauteuils.

Sur les murs rouges effrités, des graphes éparses. Sur le mur rouge effrité derrière le comptoir, des bouteilles de rhum arrangé qui se pressent, des soutiens gorges laissés à l’abandon lors d’une soirée oubliée et des Stickers en tout genre sur le frigo contenant le planteur maison. Partout des affiches de groupes locaux ou alternatifs.

Au plafond, que personne ne regarde, une valise est suspendue. Elle vomit des flyers. Une peluche-lapin s’y raccroche, pour ne pas tomber. Personne ne sait ce qu’elle fout là.

Calme, vide, ocre et familier.

On entend le murmure d’une musique. Brel, probablement. Les basses profondes, inaudibles, font légèrement trembler l’alcool dans le verre sur le comptoir. Pour le moment, rien ne se passe. Personne pour ne s’en impatienter. On n’attend pas vraiment. On se perd dans le calme, le vide, l’ocre et le familier. On se perd un peu en soi, dans le temps qui se dilate et réfracte à l’infini.

Calme, vide, ocre et familier.

Un jour, le verre est bu et personne ne s’en souci.

Publié dans Brèves

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